TROIS ÉTAPES POUR DEVENIR FRANC-MAÇON
Pour entrer dans l’Ordre, il faut, faire expressément acte écrit de candidature auprès de la Loge « La Discrétion » et avoir l’âge d’au moins 21 ans, à savoir qu’un Parrain lui sera octroyé. Les exigences sur le fond sont au nombre de deux : « être né libre et de bonnes mœurs ». La première est un peu désuète dans notre monde moderne mais elle conserve tout de même la valeur symbolique du libre arbitre. La seconde est d’ordre strictement moral, à savoir l’honnêteté, la franchise et l’exemplarité.
Rejoindre la Franc-maçonnerie se fait au fil d’une procédure en 3 étapes. La démarche entreprise par un candidat pour rejoindre la Franc-maçonnerie est rigoureuse et peut être longue et lente.
– 1ère étape: la candidature
Il s’agit de l’acte de candidature en elle-même, sous forme de lettre officielle adressée au président de l’atelier (la Loge). Cela répond à la nécessité d’un travail qui se met en place dès le stade de la 1ère attache.
– 2ème étape : les enquêtes
Il s’agit de plusieurs rencontres entre le candidat et un membre de la Franc-maçonnerie sous la forme d’un entretien à la fois approfondi et informel. Par un échange réciproque, le candidat se fait une meilleure idée du groupe qu’il souhaite rejoindre et le représentant désigné par la Loge pour se forger une meilleure idée du candidat et notamment de comprendre ses attentes. Ces entretiens font l’objet d’un rapport entendu par la Loge qui conduit à un scrutin. Seul un vote favorable des frères de la loge permet de passer à l’étape suivante. Dans le cas d’un vote positif, la 3ème étape peut alors voir le jour.
– 3ème étape : la réception du candidat en Loge
Il s’agit d’une expérience forte. Le candidat est introduit dans la Loge dans laquelle il postule, les yeux bandés… et le processus de Réception commence.
ETRE FRANC-MACON, COMBIEN CA COUTE?
Notre Loge se réunit en moyenne deux fois par mois, soit approximativement 20 fois par an. Un Franc-maçon doit disposer de deux soirs par mois. Un Franc-maçon s’acquitte d’une cotisation annuelle dont le montant est identique pour chacun des membres et fixé par décision d’assemblée générale. Cette cotisation est destinée à subvenir aux besoins matériels de l’association. Un Franc-Maçon doit acquérir les décors de son grade. Chaque tenue est suivie d’un repas pris en commun, « l’agape », partie intégrante du travail maçonnique.
Le montant de la cotisation annuelle équivaut à celle d’un abonnement culturel ou sportif.
LETTRE A UN CANDIDAT
écrite par Jean-Baptiste Willermoz
Monsieur,
« Vous m’ avez confié le désir que vous aviez d’être reçu Maçon dans le Régime particulier que suit la Loge à laquelle MM. de S… sont attachés; le temps ne me permit pas pour lors de vous proposer quelques réflexions et observations préliminaires à cet égard, je les remis donc à un moment plus favorable, et je saisis celui-ci pour vous les présenter, vous invitant à ne point précipiter votre réponse.
Je suis très flatté de la confiance que vous m’avez témoignée pour l’ouverture que vous m’avez faite de votre projet, et j’agirai en tout ce qui s’ ensuivra d’après ce sentiment et l’estime particulière que vous m’avez inspirée, ainsi qu’à tous ceux qui ont l’honneur de vous connaître. Je ne doute pas que les motifs qui ont fait naître ce désir dans un homme aussi honnête et aussi réfléchi ne soient très louables, je ne doute pas non plus que la Loge à laquelle vous devrez les faire connaître quand il en sera temps ne sache bien les apprécier et ne leur rende toute la justice qui leur sera due.
Je me borne donc ici, Monsieur, à vous donner quelque légère idée de l’institut en général, et du Régime particulier auquel vous désirez vous associer.
L’origine et le but essentiel de cette institution sont très anciens et sont fort peu connus, même du plus grand nombre de ceux qui portent le titre de Maçon. parce que le grand nombre se contente de l’écorce et fort peu cherchent le noyau. Les uns ne désirent d’acquérir ce titre que pour se pro curer sous son voile quelques amusements mystérieux et des amis souvent alors -aussi peu solides que le goût qui les unit ; d’autres le désirent pour exercer en commun une bienfaisance louable et honorable qui est le but ostensible et général de la Société ; d’autres enfin, qui n’ont pu penser qu’une institution dont l’origine primitive se perd dans la nuit des siècles puisse exister et avoir résisté à tous les chocs sans être soutenue par un but fondamental et essentiel pour les hommes de tout rang, âge et nation, ont pris un essor plus élevé, de sorte que pendant que les tins rampent dans le vestibule de l’ Edifice, d’ autres planent sur son toit. Les écarts des uns dans la société civile ont avili aux yeux du public, souvent imprudent et précipité dans ses jugements, la Société la plus respectable, parce qu’il a fait à cet égard comme il fait quelquefois pour ce qui concerne la Religion qu’il confond souvent avec la conduite répréhensible de quelques ministres qu’elle emploie.
Mais cette Société ayant en elle une force propre, n’a point été et ne peut être par là avilie dans son essence, qui sera toujours très respectable. De cette diversité de goût, il a dû résulter pendant le cours de la durée de cette institution, et dans son sein même, des Régimes différents, dont les uns, à mesure qu’ils se sont plus rapprochés du but primitif, auront dû avoir des règles plu,-, austères que ceux qui auront préféré d’en rester plus éloignés. Telles que l’on voit par exemple quelques parties de certains ordres religieux qui ont établi des réformes particulière et plus sévères. sans cesser cependant d’appartenir à leur ordre primitif, mais bien plutôt pour se rapprocher de son primitif.
Cet exposé suffira je pense pour vous porter à examiner sérieusement quel est le régime qui conviendrait le mieux à vos vues et à vos goûts, et je nie ferai ensuite un devoir et un plaisir de vous indiquer les portes de celui que vous aurez préféré. Celui auquel je suis attaché (ainsi que MM. de S…
à la dénomination particulière de Régime Rectifié. Il n’est pas le plus commode. ni le moins exigeant de tous ; mais s’il exige plus que les autres de ses membres, il leur laisse aussi espérer davantage ; il a ses épines, mais elles ne piquent que ceux qui avec trop de sensualité l’ effleurent [sic], ou qui ont l’impatience de les cueillir avant leur temps. Voici, Monsieur, pour aider à vos réflexions, une définition générale de la Maçonnerie dans le Régime Rectifié, qui est le seul dont je vous parlerai maintenant.
La Maçonnerie est une école dans laquelle on éprouve graduellement l’aspirant pour en former un homme moral utile dans toutes les parties de la Société humaine où la divine providence l’a placé, ou voudrait le placer dans laquelle on le forme ainsi sous le voile de divers symboles, emblèmes et allégories propres à exercer son intelligence suivant sa capacité, dont l’ étude est adoucie par quelques amusements de société, honnêteset décents. qui deviennent intéressants par le sel du mystère qui les accompagne.
On le forme ainsi s’il ne l’était déjà, ou on le fortifie dans l’ amour d’une pratique constante des devoirs religieux, moraux et sociaux, afin qu’il acquiert l’habitude cette vertu aimable et douce, qui plaît partout où elle se montre avec ces caractères, mais qui ne peut mériter le nom de vertu qu’ autant qu’elle est fondée sur les bases, inébranlables de la religion chrétienne. Ainsi, quoique la société des Maçons ne soit pas une société religieuse car toute controverse en matière de religion et de politique est expressément défendue dans toutes ses assemblées, cependant les principes maçonniques qui la dirigent sont intimement liés aux principes fondamentaux de la Religion, sans lesquels nulle société particulière ne peut être essentiellement utile. Ainsi, pendant que le corps entier peut se rendre
utile par la bienfaisance à la partie souffrante de l’ humanité, chaque individu qui la compose peut y trouver aussi pour lui-même un avantage réel et inappréciable pour tout le cours de sa vie, et bien au-delà, s’il sait priser le bien que l’institut peut lui faire.
Voilà, Monsieur, une légère esquisse de la Maçonnerie en général. Je me fais un plaisir de vous la présenter telle que je la connais, je souhaite qu’elle vous soit agréable. Nous ne proposons à personne de se faire recevoir parmi nous, et en cela nous différons beaucoup des autres, mais nous devons quelques conseils et éclaircissements à celui qui se présente (le Sa propre volonté. Nous devons lui faire entrevoir que la démarche qu’il se propose de faire est beaucoup plus importante que plusieurs ne le pensent, afin qu’il Puisse réfléchir mûrement avant de demander sa réception. Il y a lieu de croire que si partout et en tout temps on eût agi de même, on n’ aurait pas eu besoin de réforme, et la société -Rirait eu dans son sein moins clé membres qui la déshonorent.
Cependant malgré ces précautions il y a peu de loges, dans tout régime indifféremment, qui puissent se féliciter , au même degré de tous les membres qu’elles reçoivent ; mais, Monsieur, ce que les forces réunies de la Religion ne peuvent faire Sur certains hommes, doit-on se le promettre de celles moins puissantes d’ un institut particulier ? Un nouveau reçu doit donc tirer le rideau de la charité fraternelle sur les défauts de ceux-là, et chercher vers d’autres ses modèles, car je puis vous dire avec vérité que ceux-là restent fort longtemps, si ce n’est pas toute leur vie, dans le vestibule, quoiqu’ils soient quelquefois fort avancés en grades ou en dignité dans l’institut.
Si après cet exposé vous persistez, Monsieur, dans le dessein que vous m’avez annoncé, je dois vous faire remarquer qu’il n’y a nulle nécessité pour un homme de se faire recevoir Maçon, mais qu’il est de la plus grande importance pour un homme marié de ne faire aucune démarche essentielle qui puisse altérer le moins du monde ]’union dans sa maison. Bien des femmes Ont un préjugé contre la Maçonnerie ; tout injuste qu’il est, un homme sage ne doit pas le heurter de front. Parmi les femmes qui chérissent leur époux, il y en a qui regardent comme un temps enlevé aux douceurs de leur union celui que le mari destine à une association étrangère ; elles craignent quelquefois que ce qui est un bien apparent ou ne présente qu’un amusement honnête ne devienne une cause de dissipation nuisible de manière ou d’autre au bien commun de la maison. J’ ose vous assurer que ces craintes sont sans fondement, mais on doit les excuser chez celles qui sont les premières victimes de leurs préjugés, et on doit agir à leur égard avec toute la prudence que suggère l’amitié.
L’homme honnête qui s’est choisi une compagne doit lui rendre autant qu’il peut la vie douce, et ne la pas semer sans une nécessité absolue d’aucune amertume ; le bonheur n’existe que là où on le procure à tout ce qui nous environne. Le vrai Maçon doit être fidèle sujet, bon mari, bon père, bon ami, enfin il doit être tout ce que lui inspire l’amour de la vertu et de ses devoirs : voilà ses caractères essentiels. S’il ne les a pas, ou s’il ne les acquiert pas, il court grand risque de déshonorer la société en se déshonorant lui-même. Vous avez, Monsieur, le bonheur d’être uni à une épouse aussi respectable qu’elle est aimable, et je crois qu’avant de prendre aucun engagement à cet égard, il vous serait prudent de vous assurer de ses dispositions là-dessus. Si elle y répugne, suspendez vos résolutions, et attendez un temps plus convenable. Ne cherchez point à arracher un consentement qui ne pourrait tranquilliser une âme honnête qu’autant qu’il serait accordé par l’amitié, et dirigé par la confiance.
Lorsque vous aurez été reçu dans la société, redoublez s’il se peut d’attachement, de soins et de vertus ; vous lui prouverez alors que la société est utile de plus d’Lille manière, et que son consentement vous a été profitable. Si au contraire, comme je le pense d’après les idées que j’ai conçues de sa manière de penser et de son caractère, qui me paraît la mettre au-dessus des préjugés de cette nature, Madame votre épouse n’est point contraire à votre désir, vous pouvez me communiquer le résultat de vos propres réflexions, j’attendrai d’en être instruit pour proposer les scrutins d’usage en pareil cas.
Je vous prie, Monsieur, de ne pas donner de publicité à cette lettre qu’une estime particulière a dictée, de peur que si elle venait à la connaissance de quelque Maçon, elle ne blessât, contre mon intention, ceux qui pourraient se reconnaître à certains portraits »
Jean-Baptiste Willermoz
(1730-1824)