Histoire et structure du Rite Ecossais Rectifié
Le Rite Écossais Rectifié s’est structuré entre 1778 et 1782 grâce à un Franc Maçon lyonnais Jean-Baptiste WILLERMOZ.
Si les thèmes principaux développés dans ce rite sont communs aux autres rites maçonniques, il porte en lui ses spécificités. Ce rite est en effet à la fois chrétien et chevaleresque. Il affirme son attachement au christianisme primitif, non en tant que religion proprement dite mais aux idées qu’il véhicule et notamment l’Amour du prochain. Il professe le perfectionnement individuel par le travail que tout homme doit faire sur lui-même et l’exercice d’une bienfaisance active et éclairée envers tous les hommes.
Ses trois premiers grades reprennent les grands thèmes symboliques de la maçonnerie, c’est à dire, la construction du temple intérieur en pratiquant les vertus.
Les travaux sont toujours ouverts et fermés au nom du Grand Architecte de l’Univers et les serments se prêtent tous sur la Bible ouverte au Prologue de l’évangile de Saint Jean et sur l’épée. L’esprit chrétien n’apparaît que progressivement mais est cependant présent dès le premier grade d’apprenti, quant à l’esprit chevaleresque, il ne sert qu’à insuffler ses vertus de bienfaisance, de rigueur et de force morale utilisées pour combattre ses propres passions.
Le Rite Ecossais Rectifié s’articule de la manière suivante :
Loges de Saint Jean (bleues) :
1) Apprenti
2) Compagnon
3) Maître
Loges de Saint André (vertes) :
4) Maître écossais de Saint André
Ordre intérieur :
5) Écuyer Novice
6) Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (dit « CBCS »)
Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), fabricant dans la soie à Lyon et franc-maçon organise le convent de Wilhemsbad qui portera sur les fonds-baptismaux le Rite Ecossais Rectifié.
Les trois principales sources du RER sont :
- L’Ordre allemand de la Stricte observance templière (SOT), surtout pour son volet chevaleresque et christique qui n’apparaît cependant qu’au-delà du 3ème grade
- Le fonds commun de la Maçonnerie française du 18ème siècle et plus particulièrement le Rite Français,
- La doctrine de Martinès de Pasqually et les pratiques des Elus Coëns (mise à part la théurgie).
A ces trois sources principales, l’on peut mentionner, bien que n’en constituant pas une source directe, mais procédant de la même inspiration originelle, la doctrine du Philosophe Inconnu, Louis-Claude de Saint-Martin mais aussi, le Rite Suédois et probablement d’autres sources et rituels que Willermoz avait soigneusement consultés. On ne peut nier, en tant que source également, les exégèses bibliques effectuées par les Pères de l’Eglise dont Jean-Baptiste Willermoz était certainement imprégné.
De la plupart des éléments empruntés à ces diverses sources, Jean-Baptiste Willermoz va proposer deux types de lecture et d’interprétation.
Une première non dérangeante qui reprend les grands thèmes symboliques de la Maçonnerie retraçant le cheminement de l’homme qui construit son temple intérieur en « s’épurant de ses passions et en pratiquant les vertus », tout ceci devant notamment le conduire à l’exercice d’une « bienfaisance active et éclairée ».
Une autre interprétation des symboles, plus ésotérique, plonge dans la thèse de la Réintégration des Êtres de Martinès de Pasqually présentée dans son Traité du même nom. Ces interprétations symboliques, bien que prégnantes, demeurent encore en filigrane ou allusives dans les rituels des loges bleues.